Sur un air de révolution. 12 films qui chantent la révolte
Par Stéphanie Legrand le dimanche 3 juin 2012, 16:25 - Projections et festivals - Lien permanent
Du 6 au 10 juin, Documentaire sur grand écran propose au cinéma Le Nouveau Latina une programmation de films autour de la Révolution, pour (re)décourvir de grands films qui mettent en musique la révolution...
Voici la programmation commentée par Lili Hinstin, Documentaire sur grand écran
Chants de libération, hymnes révolutionnaires, mélopées de la révolte qui gronde... Tout au long de ces décennies, des cinéastes ont scruté les soubresauts de l’Histoire en accordant leurs films au rythme du chant révolutionnaire : l’apartheid en Afrique du Sud, Mai 68 et les mouvements ouvriers en France, le mouvement pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, la guerre d’indépendance au Mozambique, la grande grève des mineurs en Angleterre...
Dès 1930, Dziga Vertov donne le « la » avec Enthousiasme ou La Symphonie du Donbass, premier film sonore soviétique, où la musique figure à la fois comme expression de la lutte des peuples et expérimentation formelle. Car il s’agit de lutter sur deux fronts : politique et esthétique. Qu’ils prennent parti de l’intérieur ou qu’ils aillent respirer ailleurs l’air de la révolution, comme les Brésiliens Celso et Luccas au Mozambique, l’Américain Rogosin en Afrique du Sud, Agnès Varda chez les Black Panthers ou le Hollandais Johan van der Keuken, du Ghana au Surinam, au son de l’héritage colonial des fanfares de cuivres (Brass Unbound), les cinéastes creusent le double héritage vertovien. D’une part, la musique comme patrimoine commun (les chansons des mineurs du film de Ken Loach Which Side are you on ?, des ouvrières de Scènes de grève en Vendée, film collectif d’ISKRA), comme transmission d’une histoire populaire (Makwayela, un film rare de Jean Rouch sur des ouvriers au Mozambique chantant et dansant leur oppression dans les mines d’or sud-africaines).
D’autre part, l’ambition de révolutionner les formes : créer un cinéma nouveau pour une nouvelle nation (Celso et Luccas avec 25) ou « faire politiquement des films politiques » (Jean- Luc Godard avec One plus One). Affranchissement par et pour le cinéma, la résistance aux normes s’affirme, émancipation des codes narratifs au rythme d’un montage free (Black Liberation / Silent Revolution de Edouard de Laurot).
Deux fictions enfin, mais à la portée documentaire retentissante : Come Back, Africa de Lionel Rogosin, film clandestin au cœur du système de l’apartheid et Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin van Peebles, déclaration de guerre à la société raciste américaine, météorite dans le bon goût ciné- matographique, outrée et outrageante.
Le cinéma et la musique sont eux aussi renversés par la révolution, et ils tentent d’en restituer avec leurs moyens propres la vibration indicible – celle de la colère, de l’espoir et de l’utopie.
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