Edgar Morin et l'âme du cinéma : colloque les 11 et 12 janvier
Par Stéphanie Legrand le mercredi 19 décembre 2012, 11:06 - Projections et festivals - Lien permanent
L'IIAC Centre Edgar Morin/CNRS-EHESS (Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain) organise un colloque autour du travail d'Edgar Morin sur le cinéma. Ce colloque se tiendra les 11 et 12 janvier, à l'hôtel de l'Industrie, en présence d'Edgar Morin.
« Au sein du réalisme fleurit un animisme » peut-on lire dans Le Cinéma ou l’homme imaginaire, ouvrage que publie Edgar Morin en 1956. Le cinéma y révèle son penchant au paradoxe : dans le même temps où il « fait percevoir » (au sens pratique du terme), il « donne à voir » (dans le sens visionnaire). Ainsi le cinéma introduit le spectateur dans une expérience qui frotte une matérialité extérieure à la matière irréelle du film, proche du rêve. Véritable mouvement dialectique de la matière sur et contre elle-même.
Edgar Morin cherche obstinément cette réalité semi-imaginaire de l’homme que touche le cinéma. Au cours des années 50 et 60 le sociologue Morin est un de ceux qui impose le film, et plus largement, le média, comme instrument méthodologique et objet d’étude légitimes dans les sciences sociales. Il investit tout autant le champ académique que médiatique intervenant à la radio, dans la presse comme à la télévision ou dans les festivals. Cinéphile engagé, théoricien du film - pour lui « la caméra peut et doit être subjective, non l’objet » (l’objet reste, à la différence du rêve, arbitre et garant de la réalité) – Edgar Morin mène, pendant l’été 1960, en compagnie de Jean Rouch, une expérience singulière sous l’œil de la caméra : Comment vis-tu ?, est un film protocole, supposé croiser vie quotidienne des protagonistes et zones d’ombre individuelles et collectives. L’expérimentation échappe à ses réalisateurs et devient Chronique d’un été, promu film-vérité, rédempteur d’une génération, et aujourd’hui film culte.
Ce colloque, consacré à la relation persistante qu’entretient Edgar Morin avec le cinéma, souhaite interroger les enjeux anthropologiques, éthiques et esthétiques qui coexistent au sein d’une œuvre attachée au « vif » du cinéma et qui fait aujourd’hui rappel. « Dans la salle obscure…morts provisoires, nous regardons les vivants », écrivait-il alors…
Rendez-vous les 11 et 12 janvier 2013, de 9h00 à 18h00
Salle Louis Lumière, Hotel de l'industrie, Société d’Encouragement à l’Industrie Nationale, 4 place St Germain des Près, Paris
Le programme et les informations pratiques sur le site Internet du colloque, ici (attention, entrée libre mais réservation obligatoire).