Nous suivons attentivement les activités du Théâtre du Soleil, et, nous nous permettons donc de relayer auprès de vous l'annonce du spectacle MacBeth Kanaval. Ce spectacle, invité par le Théâtre du Soleil et avec son soutien, sera joué entre le 16 et le 28 février 2015, à l'Atelier de Paris-Carolyn Carlson, sur le site de la Cartoucherie.

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Voici quelques extraits de la note d'intention :

Macbeth est l’excroissance maligne d’un pouvoir édifié sur la violence où le meurtre est la règle et non l’exception. Ce pouvoir condamne l’homme criminel mais légitime le soldat qui tue. Pour nous, Macbeth raconte un projet politique stérile, le symptôme d’une maladie qui infecte le corps de l’état – l’histoire d’un échec en germe dans tout état.

Macbeth tue le roi pour être roi. Mais « le sang appelle le sang ». Le meurtre sériel de Macbeth instaure la répétition de l’acte, du temps, détruit la narration. Une stase sans fin s’ouvre et se ferme en miroir sur les mêmes images : un homme ensanglanté, une décapitation, un couronnement. C’est une intersection entre deux possibles : répéter le meurtre ou ne pas le répéter. Mais le meurtre engendre le meurtre et ne peut pas suspendre l’hémorragie de l’histoire. La conscience soudaine de ce crime perpétré hors du cadre de la guerre ouvre chez Macbeth une brèche qui tue le sommeil et l’oubli. Elle le place à la lisère de deux mondes où les morts accumulés de l’Histoire viennent l’effrayer et hantent l’espace du théâtre. Ce surcroît d’humanité le rend inapte à l’exercice du pouvoir. Il rate son entrée sur la scène de l’Histoire.

Au moment où meurt Lady Macbeth, Macbeth, « pauvre acteur », découvre qu’il a toujours été seul, que le dialogue du théâtre n’était qu’une illusion, le langage un vacarme, le récitant un fou attelé à une tâche impossible. Le monde n’est qu’un théâtre, le lieu où s’exhibe la défaite du sens : « un récit / Conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, / Ne signifiant rien. ».

Notre adaptation concentre et précipite ce récit à partir de fragments - elle en fait la matière d’un long poème dramatique découpé en mouvements. Notre montage fait apparaître les raccords analogiques et thématiques, creuse les leitmotivs primitifs qui structurent souterrainement le texte, soulève les images qui peuplent l’insomnie des corps et des voix. Ce matériau choral est porté par cinq acteurs et une partition sonore.

Rendez-vous du 16 au 28 février 2015
À l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson
Tous les renseignements pratiques sont à retrouver ici