Deux ethnologues, Michel Streith et Martin de la Soudière, ont recensé, depuis de nombreuses années, un patrimoine cinématographique conséquent portant sur des lieux et des gens du Massif central. Ils ont alors décidé de faire connaître ces films, présents et passés, à l'occasion de projections.
Cette journée s’adresse à la fois :
- à des chercheurs ou enseignants concernés à un titre ou à un autre par le développement local,
- à des élus,
- enfin, à un public plus large. Concernant ce dernier, on sait en effet que l’objet film est toujours à même d’attirer, et de faire venir, un public généralement rebuté par des conférences de type universitaire portant sur des problématiques très proches.
D’un mot, disons d’abord qu’il ne s’agira pas de faire dans le régionalisme, encore moins dans le traditionnel. Mais, au contraire, à partir d’exemples issus des territoires du Massif Central, d’exemplariser des problématiques, des questionnements communs à toutes les campagnes et les montagnes. Donc pas un éloge, encore moins une célébration d’une quelconque singularité auvergnate, limousine, etc.
Il n’empêche qu’un film documentaire, par les images du local qui s’imposent au spectateur, par les plans qui se succèdent, la force d’un récit, par les figures singulières, enfin par les paysages, rapproche toujours le spectateur des lieux filmés et des pratiques du territoire et les lui rend presque familiers. Pour partie, en même temps que de processus plus englobants, les images de chaque région filmée (plus qu’un simple décor) parlent toujours aussi d’elles-mêmes et de leurs singularités. À l’image, jamais le Forez ne sera le Millevaches, etc.
À partir des films que nous connaissons déjà, quelques-uns des axes thématiques qui présideront au choix des œuvres peuvent être ici, provisoirement, esquissés :
* les lieux et les paysages
* l’habiter
* les pratiques des habitants agriculteurs, bergers, ou non
* les façons d’occuper l’espace, de prendre soin et de manifester un souci des lieux (villages, terroirs, forêts, rivières…) ou une crainte de l’environnement (l’hiver et la neige).
Une autre manière de « défendre » notre projet est de le relier au devenir des petites régions du Massif central, question largement d’actualité, plus encore qu’hier. Celui-ci, d’ailleurs, jadis baptisé Plateau central par les géographes, a toujours peiné à être identifié et reconnu comme tel (au profit de l’Auvergne, du Limousin, de la Lozère, etc.). C’est donc une réhabilitation de ce grand ensemble spatial, mal défini et peu lisible, qui nous guidera et pour laquelle nous œuvrons déjà, chacun dans notre domaine et chacun avec nos propres outils. Défense, donc, des plus petits territoires ruraux souvent économiquement marginalisés, socialement sous-estimés, politiquement relégués, voire abandonnés (pensons aux lignes secondaires de chemin de fer). Pourtant certains d’entre eux, et là nous pensons au Millevaches par exemple, ont su redresser la tête et se positionner positivement grâce et à travers des réseaux alternatifs concernés aussi bien par l’agriculture bio ou paysanne, la convivialité retrouvée dans les bistrots et la lutte militante.
À partir des films présentés, il s’agira, entre autres, de mettre en évidence des expérimentations sociales, des perceptions de la ruralité, des reformulations individuelles ou collectives d’attendus économiques. Ces processus passées et présents seront discutés lors de débats et d’échanges entre les réalisateurs et le public. Au-delà des multiples reconfigurations administratives qui jalonnent ce massif depuis des décennies, le patrimoine cinématographique attaché à cet espace guidera notre réflexion sur la pertinence de l’entité Massif Central pour comprendre des dynamiques sociales et spatiales de nos sociétés contemporaines.
Au programme, les projections des films :
Tout le programme est à découvrir ici